L’état de santé de la population en France
Le Ministère des Affaires sociales et de la Santé a publié le 11 mai son rapport 2017 sur l’état de santé de la population en France. Cette édition 2017 illustre l’état de la santé des Français par des approches transversales, par population, par déterminant et par pathologie, et met en lumière les principaux problèmes de santé auxquels est confronté notre pays et auxquels les politiques publiques doivent répondre. Y sont également mises en avant les inégalités sociales et territoriales.
Vue d’ensemble
Même si évaluer l’état de santé d’une population est complexe et nécessite des approches diversifiées et complémentaires (statistiques d’état, registres des pathologies, maladies à déclaration obligatoire…), le niveau de santé des Français est plutôt bon par rapport aux pays de richesse similaire et à plus forte raison en regard de la population mondiale.
En dix ans, l’espérance de vie a progressé de 1,2 ans pour les femmes et de 2,2 ans pour les hommes pour s’établir respectivement à 85 et 78,9 ans. Cependant, cette augmentation s’est faite à rythme moins soutenu qu’au cours de la décennie précédente. L’écart entre les deux sexes se réduit. La mortalité toutes causes observées continue de baisser comme depuis plusieurs décennies.
Les deux premières causes de décès sont les cancers (27,6 %) et les maladies cardiovasculaires (25,1 %) suivies par les maladies de l’appareil respiratoire (autre que les cancers) et les morts violentes (suicides, accidents…).
Des inégalités importantes
Les principaux indicateurs d’état de santé sont fortement liés au facteur social : les classes les plus favorisées économiquement ou les plus diplômées bénéficient notamment d’un meilleur état de santé et d’un accès plus facile aux soins.
Les différentes catégories socioprofessionnelles étant inégalement réparties sur le territoire, il existe également de fortes disparités territoriales. Ces situations peuvent être accentuées par le contexte économique local ou l’inégale disponibilité des services sanitaires ou médico-sociaux. De façon très générale, c’est en Île-de-France et dans la moitié sud que les indicateurs sont les plus favorables.
Les déterminants de santé, enjeux de la prévention
Une grande part de la mortalité prématurée et “évitable” étant dûe à certains comportements des Français, les identifier est un enjeu majeur de santé public. Le champ de ces comportements est très large puisqu’il englobe notamment l’activité physique, l’alimentation, le sommeil… Le tabac fait partie de ceux-là. Le rapprochement des comportements féminins et masculins vis-à-vis de la consommation de tabac explique une diminution de la mortalité par le cancer du poumon chez les hommes et une augmentation chez les femmes.
Santé et vieillissement
Comme dans les autres pays développés, la population française vieillit et le nombre de personnes atteintes de pathologies chroniques ou de polypathologies est en forte hausse. Directement liée, la polymédication fait également peser des risques importants sur la santé. Compte tenu de ce vieillissement, le nombre de personnes souffrant de pathologies neurodégénératives augmentera dans les années à venir.
Les cancers
Concernant plus particulièrement les cancers, on observe une augmentation de l’incidence et une diminution de la mortalité entre 1980 et 2012. Cette évolution s’explique en grande partie par l’amélioration des techniques de dépistage et de diagnostic conduisant à une meilleure identification des cas et des diagnostics plus précoces. Toutefois, depuis 2005, on observe une rupture dans l’évolution ascendante de l’incidence des cancers, avec une diminution chez l’homme et une stabilisation chez la femme. Ces variations s’expliquent notamment par une diminution de l’incidence du cancer de la prostate (cancer le plus fréquent chez l’homme) et une stabilisation de l’incidence du cancer du sein (cancer le plus fréquent chez la femme), deux cancers dont le pronostic s’est considérablement amélioré des dernières années et dont le diagnostic est de plus en plus précoce. En revanche, l’évolution du cancer du poumon chez la femme est très défavorable et marquée par une augmentation conjointe de l’incidence et de la mortalité pour ce cancer dont la survie – par ailleurs faible – s’est peu améliorée entre 1989 et 2010.
La région Île-de-France
Par ailleurs, un diagnostic départemental publié par l’ARS IDF en février 2017 permet de mettre en perspective ces informations sur notre territoire régional :
- une population vieillissante (6,6 % de personnes âgées de 75 ans et plus pour 2014 avec une projection à 7,3 % pour 2022) ;
- de fortes disparités socio-économiques favorisant le 75 et le 92 au détriment du 93 et, dans une moindre mesure, du 95.
Ces disparités se reflètent dans l’état de santé général des populations des territoires concernés avec des différences d’espérance de vie allant jusque 2 ans ! Concernant la mortalité par tumeurs, elle a significativement baissé sur toute la région passant de 255,3 décès pour 100 000 habitants pour la période 2000-2002 à 213,5 décès pour la période 2012-2014. Là encore, même si elles ont tendance à s’atténuer, de fortes différences subsistent entre les départements : 202,3 décès par an pour le 75 contre 229,9 pour le 77. Les affections de longue durée touchent également différemment la population en fonction de son département d’habitation : avec une moyenne régionale de 348,6 cas pour 10 000 habitants, elle varie de 382,6 cas pour le 91 à 297,2 pour le 93.
A télécharger :