Cancer du poumon : vers un dépistage organisé ?

Cancer du poumon

Le 25 janvier dernier sur Instagram, le chanteur Florent Pagny annonçait souffrir d’une « tumeur cancéreuse au poumon, qui ne peut pas s’opérer ». Cette publication avait suscité l’émoi de l’opinion publique. Or, en France, ce type de cancer ne fait pas partie des dépistages organisés, peut-être plus pour longtemps …

Dépistage organisé, quésako ?

Trois cancers font l’objet d’un dépistage organisé :  le cancer du sein (1989), le cancer colorectal (2008) et le cancer du col de l’utérus (2020).

Dans notre région, ces derniers sont gérés par le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers Île-de-France (CRCDC-Île-de-France), où plus de 5 millions d’habitants sont concernés.

Cette association Loi 1901 est financée par l’Agence Régionale de Santé Ile-de-France, l’Assurance Maladie et la Mutualité Sociale Agricole. Elle est également soutenue par la Ville de Paris et les Conseils Départementaux de l’Essonne, de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise.

Ses missions sont les suivantes :  

  • assurer un lien entre l’ensemble des parties prenantes : la population cible, les professionnels de santé impliqués, l’Agence Régionale de Santé, l’Institut National du Cancer et les Caisses d’Assurance Maladie,
  • organiser le contrôle qualité des matériels et des procédures,
  • contribuer à la formation des personnels médicaux et paramédicaux impliqués dans les programmes de dépistage des cancers, pour renforcer la qualité des actes de dépistage,
  • évaluer les résultats des dépistages organisés,
  • favoriser toute recherche, action, évaluation et partenariat ayant pour objet d’accroître la participation au dépistage,
  • être à la disposition du grand public pour répondre aux questions sur les dépistages organisés des cancers.

Pourquoi le cancer du poumon n’en fait-il pas partie ?

Responsable de 33 000 décès chaque année en France, le cancer broncho-pulmonaire est la première cause de mortalité par cancer.

Si en 2016, la Haute autorité de santé avait conclu que « toutes les conditions pour une mise en œuvre efficace et sûre du dépistage organisé du cancer du poumon n’étaient pas réunies », elle a actualisé son avis, le 1er février 2022.

Elle indique désormais que “l’analyse des nouvelles données disponibles montre que le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac conduit à une réduction de la mortalité spécifique“.

Mieux, elle recommande dès à présent à l’Institut national du cancer d’engager un programme pilote.

Expérimentations « en vraie vie »

Ce nouvel avis a, notamment, été salué par la Société française de radiologie qui porte déjà des projets de recherche et des études pilotes.

Parmi eux, citons « Cascade » conduit par le Pr Marie-Pierre Revel à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui débutera en mars 2022.

Ce dépistage du cancer du poumon par scanner à faible dose en vraie vie « permettra d’évaluer l’apport de l’intelligence artificielle pour la lecture des scanners, dans une population féminine à risque de cancer du poumon. Les scanners réalisés permettront également un dépistage des coronaropathies et de l’ostéoporose », selon la SFR.

Notons que cette étude est cofinancée par le ministère des Solidarités et de la Santé et par l’INCa.

Dépister au plus tôt pour sauver des vies

Selon l’analyse des résultats issus des essais cliniques internationaux, la mise en place d’un dépistage systématique chez les populations fortement exposées au tabac permet d’observer une diminution significative de la mortalité spécifique de ce cancer, de l’ordre de 5 vies sauvées pour 1 000 personnes dépistées .

Par ailleurs, la survie à 10 ans dépasse 80 % pour les cancers découverts à des stades localisés par l’imagerie thoracique.

Toutes ces avancées pourraient grandement accélérer l’inscription du cancer du poumon sur la liste des dépistages organisés. A suivre …


Lire le communiqué de presse de la HAS de février 2022

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