Et si administrer des vaccins thérapeutiques contre les cancers par voie intramusculaire ou sous-cutanée n’était pas la méthode la plus efficace? De récents travaux de chercheurs de l’Inserm, soutenus par la Ligue Nationale contre le Cancer, indiquent que, au moins pour les vaccins thérapeutiques destinés à traiter les tumeurs de la tête et du cou, la voie nasale est une bien meilleure option : elle semble en effet indispensable à la stimulation d’une population particulière de lymphocytes T mémoires, capables de contrôler à eux seuls la croissance tumorale chez la souris.
Ces cellules Trm (TissueResident memory T cells), une fois activées par la rencontre avec un agent pathogène à éliminer, permettent de lutter plus efficacement contre lui en cas de nouvelle rencontre. Elles ont en outre la particularité de se maintenir dans les tissus à l’endroit même où elles ont été activées. Ces cellules sont présentes dans les muqueuses au niveau des voies respiratoires, digestives, pulmonaires et génitales, mais aussi dans la peau. L’administration d’un vaccin contre des tumeurs de la tête et du cou par voie nasale à des souris induit l’activation de ces cellules et la présence de ces cellules est alors associée à une plus grande efficacité du vaccin qu’injecté par voie intramusculaire (qui n’active pas les mêmes cellules mémoires).
Et pour d’autres types de cancer ?
Il a été observé chez les patients atteints de cancer du poumon que la présence d’un grand nombre de cellules Trm était associée aux meilleures chances de survie. Leur activation par un vaccin parait donc une stratégie prometteuse. Par ailleurs, en raison des systèmes de communication avec les muqueuses, l’administration par voie nasale pourrait peut-être améliorer l’efficacité de vaccins contre des cancers du col de l’utérus ou encore de l’endomètre.
Encouragés par ces résultats et ces observations, les chercheurs viennent de débuter un essai préclinique chez le primate. Leur objectif est de comparer l’efficacité d’un vaccin thérapeutique contre des cancers muqueux (ORL ou poumon) lorsqu’il est administré par voie nasale ou par voie intramusculaire.
Source : INSERM