À l’occasion de la semaine européenne de prévention et de dépistage du cancer du col de l’utérus, du 24 au 30 janvier, l’Institut national du cancer rappelle le rôle fondamental des professionnels de santé en charge du suivi gynécologique des femmes dans la prévention et le dépistage de ce cancer. Gynécologues, médecins généralistes et sages-femmes sont invités à expliquer le dépistage à leurs patientes afin qu’elles y prennent part.
Avec 3 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus invasifs détectés et 1 100 décès chaque année, ce cancer est l’un des seuls dont le pronostic se dégrade. Malgré un dépistage efficace, permettant la détection de lésions précancéreuses, celui-ci reste encore trop peu pratiqué : 40 % des femmes concernées ne se font pas ou pas assez régulièrement dépister.
Après une campagne volontairement interpellante, menée en septembre 2019 dans la presse médicale, l’Institut national du cancer s’adresse à nouveau aux professionnels de premiers recours. Ces derniers peuvent favoriser la participation des femmes à ce dépistage et ainsi participer à enrayer la dégradation du pronostic de ce cancer.
L’ABSENCE DE DÉPISTAGE : UN RISQUE DE DIAGNOSTIC TARDIF DU CANCER DU COL DE L’UTÉRUS
Chaque année, 35 000 lésions précancéreuses et 3 000 cancers invasifs du col de l’utérus sont détectés. Ces lésions et cancers sont provoqués par les papillomavirus humains, une infection virale sexuellement transmissible très répandue.
Avec 1 100 décès par an, ce cancer est l’un des seuls cancers dont le pronostic se dégrade ; son taux de survie à 5 ans est passé de 68 % (période 1989/1993) à 62 % (période 2005/2010).
Le dépistage, qui s’adresse aux femmes asymptomatiques de 25 à 65 ans, consiste en un prélèvement cytologique à réaliser tous les 3 ans après deux prélèvements normaux à un an d’intervalle. Il permet :
- de détecter des lésions des infections transformantes;
- de limiter le surdiagnostic et le surtraitement et leurs conséquences obstétricales;
- d’alléger le suivi des femmes les moins à risque;
- d’identifier celles présentant un risque aggravé.
Courant 2020, le programme de dépistage évoluera pour offrir un dispositif encore plus efficace. Au vu de la performance des examens cytologiques actuellement recommandés, il est essentiel que les professionnels de santé considèrent la participation des femmes de 25 à 65 ans pour améliorer le pronostic de ce cancer.
Ainsi, le dialogue que chaque professionnel de santé initiera avec sa patiente favorisera une meilleure compréhension de ses enjeux et la participation à ce programme. En participant régulièrement au dépistage, chaque femme diminuera son risque de développer un cancer du col de l’utérus. L’objectif du programme national est d’augmenter le taux de couverture de 20 points pour atteindre les 80 % et de réduire de 30 % l’incidence et la mortalité par cancer du col de l’utérus à 10 ans.
FAVORISER LA PARTICIPATION AU DÉPISTAGE POUR ENRAYER LA DÉGRADATION DU PRONOSTIC
La proposition de réalisation d’un dépistage du cancer du col de l’utérus par les médecins et professionnels de santé assurant le suivi gynécologique de la femme constitue le principal mode d’entrée dans le dépistage.
La discussion plus systématique de ce dépistage, avec chaque patiente concernée, est un facteur favorisant la participation à ce programme. Après avoir recueilli son consentement, le professionnel de santé peut lui proposer de réaliser l’examen ou le lui prescrire.
Pour accompagner les professionnels de santé dans le dialogue avec leurs patientes et dans leur pratique, l’Institut propose sur son site les réponses aux questions les plus fréquentes posées par les femmes sur ce dépistage et les principaux freins pouvant expliquer la non réalisation de l’examen. Il propose également un document d’information accessible gratuitement à la commande et une fiche d’aide à la pratique qui résument les principales étapes de ce dépistage. Enfin, un espace d’information regroupant l’ensemble des référentiels du programme est proposé.
Dès début février, l’Institut national du cancer proposera, sur son site, un dispositif interactif permettant à chaque professionnel de visualiser les étapes de son intervention dans ce dépistage.
GARANTIR UN ACCÈS ÉLARGI AU DÉPISTAGE ET UN MEILLEUR SUIVI DES FEMMES PRÉSENTANT UNE CYTOLOGIE ANORMALE
Grâce à la diversification des lieux de prélèvement et des effecteurs (l’examen peut être réalisé par un gynécologue, un médecin généraliste, une sage-femme, et sur prescription par un médecin biologiste exerçant en laboratoire de biologie médicale et par les anatomo-cytopathologistes), l’ensemble des femmes de 25 à 65 ans accède plus facilement à un examen de dépistage. Par ailleurs, la prise en charge de l’examen à 100 % (sans avance de frais) par les régimes d’assurance maladie pour les femmes n’ayant pas réalisé d’examen au cours des trois dernières années vise à favoriser la participation au programme national de dépistage.
Ces deux dispositions ont pour objectif de rapprocher les femmes les plus vulnérables et celles les plus éloignées du système de santé de la prévention et du dépistage.
Enfin, le recueil des données permet un meilleur suivi des femmes dont le résultat cytologique est anormal. Le centre de coordination régional des cancers procède à un suivi régulier et exhaustif de ces femmes et s’assure notamment, auprès du prescripteur, des modalités d’examen mises en œuvre en fonction du résultat cytologique.
Ce recueil des données est possible dès lors que la patiente ne s’y est pas opposée.
Pour l’informer, deux modalités complémentaires sont prévues :
– une information par le professionnel de santé dans le cadre de l’échange avec sa patiente ;
– une information par voie d’affichage dans le cabinet médical. Dans ce cadre, et comme prévu dans le cahier des charges du programme, une affichette à disposer dans le cabinet, est disponible gracieusement à la commande. Celle-ci intègre la mention CNIL.
En cas d’opposition, celle-ci devra être mentionnée sur la feuille de demande d’examen accompagnant le prélèvement. L’analyse de ces données contribuera à l’amélioration des pratiques, au suivi et à l’évaluation de la qualité du programme national.
Pour accompagner les professionnels de santé dans le suivi de leurs patientes, chacun d’entre eux peut s’adresser au centre régional de coordination des dépistages des cancers.
LES CHIFFRES CLÉS DU CANCER DU COL DE L’UTÉRUS EN FRANCE PAR AN
50 % d’entre elles avaient moins de 39 ans.
51 ans est l’âge moyen lors du diagnostic.
LE POINT SUR
– Le test HPV dans le dépistage du cancer du col de l’utérus : en juillet 2019, la Haute autorité de santé a proposé aux pouvoirs publics d’inclure le test HPV dans le programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus. Ce test est recommandé en première intention chez les femmes de plus de 30 ans, chez lesquelles il s’avère plus efficace que l’examen cytologique. Sa mise en place devrait être effective courant 2020. Le prélèvement cytologique reste l’examen de référence pour les femmes de 25 à 29 ans.
– La vaccination anti-HPV dans la prévention du cancer du col de l’utérus : la démarche de dépistage est complémentaire d’une stratégie de prévention via la vaccination contre les HPV, proposée aux jeunes filles à partir de 11 ans. En décembre 2019, la Haute Autorité de Santé a recommandé d’étendre cette vaccination aux jeunes garçons dès 11 ans. Sa mise en œuvre devrait être effective au second semestre 2020.
Source : INCa