Issu du rapport « Les cancers en France – Edition 2017 », qui sera publié en juin 2018, « L’essentiel des faits et chiffres » présente les données clés sur le cancer et la cancérologie. Au-delà des données générales, deux focus sont proposés. Le premier concerne la question de la participation au programme du dépistage du cancer colorectal, le second fait le point sur la consommation d’alcool et les risques de cancers attribuables à sa consommation.
LES CHIFFRES CLÉS DES CANCERS ET DE LA CANCÉROLOGIE EN FRANCE
UN TAUX D’INCIDENCE ET DE MORTALITÉ QUI BAISSE OU TEND À SE STABILISER SELON LE SEXE
En 2017, en France métropolitaine, on estime à 400 000 le nombre de nouveaux cas de cancers. Entre 2005 et 2012, le taux d’incidence du cancer baisse chez les hommes (- 1,3 % par an) et tend à se stabiliser chez les femmes (+ 0,2 %). Les cancers les plus fréquents restent le cancer de la prostate (48 427 nouveaux cas) chez l’homme, devant les cancers du poumon et colorectaux, et le cancer du sein (58 968 nouveaux cas) chez la femme devant les cancers colorectaux et du poumon.
En 2017, en France métropolitaine, on estime à 150 000 le nombre de décès par cancer. Toutefois, la baisse du taux de mortalité amorcée depuis 1980 se poursuit quel que soit le sexe (- 1 % par an pour les femmes et (- 1,5 % par an pour les hommes). Le cancer du poumon chez l’homme (84 000 cas) et le cancer du sein chez la femme (66 000 cas) demeurent les plus meurtriers.
UN SOUTIEN CONTINU DE LA RECHERCHE
L’Institut national du cancer poursuit son soutien à la recherche quel que soit le domaine (recherche fondamentale, translationnelle, clinique ou interventionnelle). Sur les 163 millions d’euros attribués à la recherche en 2016, 93 millions proviennent des organismes institutionnels dont près de 58 millions financés par l’INCa. En termes de recherche clinique, 50 000 patients ont été inclus dans des essais leur permettant ainsi d’accéder à des traitements et des molécules innovants. Cela représente une hausse de 4.5 % par rapport à 2015.
FOCUS : DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL, UNE PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE INSUFFISANTE
UN TEST QUI A FAIT LA PREUVE DE SA PERFORMANCE POUR UN CANCER QUI SE GUÉRIT DANS 9 CAS SUR 10 LORSQU’IL EST DÉTECTÉ TÔT
Le test immunologique de dépistage a démontré ses bonnes performances en termes de détection de cancers et de lésions précancéreuses. Selon l’évaluation épidémiologique conduite par Santé publique France, sur une période de 8,5 mois en 2015 (14 avril au 31 décembre), le programme a permis de détecter près de 4 300 cancers (+ 2,4 fois par rapport au test précédent) et près de 17 000 adénomes avancés (+ 3,7 fois par rapport au test au Gaïac). Détecter à un stade précoce, ce cancer peut être guéri dans 9 cas sur 10 avec des traitements moins lourds pour les patients ; repéré à un stade avancé, le taux de survie globale de ce cancer n’est que de 13 %.
UNE PARTICIPATION QUI RESTE NETTEMENT INSUFFISANTE
Au niveau national, la participation atteint seulement 28,6 % en 2016 (période du 14 avril 2015 au 31 décembre 2016 ; ce taux est de 33,5 % sur la période 2016/2017). Un taux bien en deçà du seuil minimum de 45 % recommandé au niveau européen. Selon les départements, la participation varie de 9,4 % pour la Corse et 47 % pour l’Ille-et-Vilaine. Celle-ci s’explique en partie par la transition, en 2015, du test au Gaïac vers le test immunologique. En effet, la reprise de l’envoi des invitations ne s’est pas opérée de façon homogène sur tout le territoire. Aussi, on note une participation plus élevée dans les départements ayant réactivé cet envoi plus tôt dans l’année et dans ceux ayant mis en place des stratégies complémentaires de remises de kits.
UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE, INSCRIT DANS LES PRIORITÉS DE L’INSTITUT NATIONAL DU CANCER SUR LES DEUX PROCHAINES ANNÉES
Avec 45 000 nouveaux cas de cancers chaque année en France et 18 000 décès, ce cancer reste le 2e le plus meurtrier. L’augmentation de la participation à ce dépistage, la baisse de l’incidence et de la mortalité par cancer colorectal sont des enjeux majeurs de santé publique, et une priorité pour l’Institut national du cancer. Aussi, l’Institut travaille sur les évolutions du programme et notamment sur la diversification des modalités de mise à disposition du test auprès de la population cible.
L’arrêté publié le 22 mars 2018 est une première étape. Il prévoit une extension du mode de diffusion « aux gynécologues, aux hépatogastroentérologues, aux médecins d’un centre d’examen de santé du régime général de l’assurance maladie ». Il autorise aussi l’envoi direct du kit lors de la seconde relance lorsque « la personnea participé au moins à l’une des trois précédentes campagnes de dépistage organisé du cancer colorectal ».
POUR RAPPEL : LE DÉPISTAGE DU CANCER COLORECTAL, UN TEST SIMPLE À FAIRE CHEZ SOI
Tous les 2 ans, le dépistage du cancer colorectal s’adresse aux personnes de 50 à 74 ans sans facteurs de risque (antécédents personnels ou familiaux de maladies touchant le côlon ou le rectum) ni symptômes. Le test de dépistage, un test simple à faire chez soi, repose sur la détection, dans les selles, de traces de sang invisibles à l’œil nu. Il vise à repérer des cancers à un stade précoce (avant toute manifestation de symptômes). Il permet aussi de détecter des lésions précancéreuses qui pourront être enlevées lors d’une coloscopie et ainsi éviter le développement de la maladie.
FOCUS : UNE CONSOMMATION MÊME FAIBLE D’ALCOOL AUGMENTE LA MORBIDITÉ ET LA MORTALITÉ PAR CANCER
L’ALCOOL FAVORISE LE DÉVELOPPEMENT DE 7 LOCALISATIONS DE CANCERS
En 2015, près de 28 000 nouveaux cas de cancers en France étaient attribuables à sa consommation soit 8 % des nouveaux cas de cancers toutes localisations confondues.
L’alcool est ainsi le 2e facteur de risque de cancers évitables après le tabac. Parmi les 7 localisations de cancers attribuables à la consommation d’alcool, le cancer du sein est le plus fréquent avec 8 081 cas en 2015.
UNE CONSOMMATION D’ALCOOL PARMI LES PLUS ÉLEVÉES DANS LE MONDE
Si la consommation d’alcool en France baisse de manière régulière depuis les années 1960, elle reste cependant l’une des plus élevées d’Europe et dans le monde. La quantité d’alcool par habitant âgé de 15 ans et plus est passée de 26 litres d’alcool pur par an à 11,6 litres en 2013, soit en moyenne 2,6 verres « standards » ou « unité d’alcool » chaque jour, par habitant (un verre standard contient 10 g d’alcool pur). Toutefois, les modes de consommation évoluent : la consommation quotidienne diminue, tant chez les femmes que chez les hommes, la consommation plusieurs fois par semaine apparaît stable mais les ivresses répétitives (au moins trois dans l’année) concernent une part grandissante de la population. En dix ans, elle est passée de 9 % à 13,5 % pour l’homme et de 1,7 % à 5 % parmi les femmes.
LES EFFETS DÉLÉTÈRES DE L’ALCOOL SUR LA SANTÉ ET SUR LA SURVENUE DES CANCERS RESTENT SOUS-ESTIMÉS PAR LA POPULATION FRANÇAISE
Les premiers résultats du baromètre cancer 2015 montrent que les Français se disent bien informés des effets de l’alcool sur la santé. Pourtant, les opinions relatives à la dangerosité de l’alcool ont évolué entre 2005 et 2015 et certaines croyances se renforcent, notamment sur les habitudes alimentaires sur la santé ou encore le risque de cancer lié à la pollution sont plus marquées en 2015. Ces résultats révèlent aussi une importante mise à distance du risque de cancers. Les doses moyennes journalières au-delà desquelles la consommation d’alcool est jugée néfaste pour la santé sont estimées à 3,4 verres par jour.
LES EXPERTS APPELLENT À UN RENOUVELLEMENT DE L’ACTION PUBLIQUE ET À LA MISE EN PLACE DE NOUVEAUX REPÈRES DE CONSOMMATION
Des experts, dans un avis publié en 2017 à la suite d’une saisine de la Direction générale de la Santé et la Mission interministérielle de la lutte contre les conduites addictives, appellent à une révision des repères de consommation d’alcool et recommandent aux autorités un effort de cohérence du discours public intégrant des actions sur la fiscalité, l’encadrement de la publicité, des actions d’éducation, de communication et de marketing social.
Les résultats de la modélisation française montrent que le risque absolu de mortalité attribuable à l’alcool augmente plus rapidement chez les femmes que chez les hommes. Dans les deux cas, un effet négatif peut être observé pour les faibles consommations (de l’ordre de 0 à 5 g par jour ou en dessous d’un demi-verre standard par jour). En l’absence de seuil évident, qui aurait conduit à recommander une consommation limite entraînant un sur-risque nul, l’utilisation de repères de consommation a été préférée à celle d’un repère sans risque. L’objectif étant de permettre à chacun de confronter sa propre consommation à une valeur au-dessus de laquelle il est conseillé de réduire sa consommation. Si les valeurs limites de consommation sont différentes entre les femmes et les hommes, un consensus est apparu au sein du groupe d’experts afin de proposer une valeur repère quel que soit le sexe et de l’exprimer en nombre de verres standards par semaine soit 10 verres standards par semaine (environ 14 g par jour d’alcool) avec des jours sans consommation pour limiter le risque pour la santé.
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Source : INCa